
Merci à Nikko pour avoir rédigé l'article qui sert de base à celui-ci.
Article en cours de remaniement
L'influence de Dezaki sur la série Lady Oscar
...et plus largement l'influence de son duo avec Akio Sugino sur l'animation Japonaise.
Au départ, cet article traitait de Dezaki et Sugino et de leur influence sur Lady Oscar, hors après maintes recherches il semble bien qu'Akio Sugino à été à tord crédité comme faisant partie du projet dans de nombreux articles et magazines, sans doute parce qu'il a énormément travaillé sur les même projets qu'Osamu Dezaki et parce qu'il à illustré les jaquettes des laserdisc vidéo Japonais. De plus ils ont tout deux travaillés sur la série "Très Cher Frère" adapté de la même auteure de manga, Riyoko Ikeda.
L'article Wikipedia japonais sur la série précise : "Le directeur de l'animation et la conceptrice des personnages de cette série étaient respectivement Shingo Araki et Michi Himeno. Cependant, selon le scénariste d'anime Yuichiro Oguro , il existe une idée fausse selon laquelle, lorsque Dezaki a pris la direction de la série, le poste de directeur de l'animation aurait également été confié à Akio Sugino, connu pour sa collaboration avec Dezaki. Oguro suppose que cela est dû au fait que la jaquette du laserdisc sorti par Nippon Soft System en 1992 a été dessinée par Sugino, qui n'a pas participé à la série ."
Ils sont devenus un duo incontournables et beaucoup on pensé, à tord que Lady Oscar faisait partie de ces projets communs. Hors c'est faux. Si la série à pris un tournant esthétique différent à partir de l'épisode 20 c'est bien grâce à l'arrivée d'Osamu Dezaki à la réalisation. Toujours selon l'article Wikipedia Japonais : "Après avoir visionné plusieurs des 13 épisodes sur lesquels Nagahama avait travaillé, Dezaki estima que les talents du character designer Araki Shingo n'étaient pas exploités, et lui dit directement : « Ce n'est pas une histoire de jolies filles. Lâchez-vous ! Soyons réalistes. » Avec l'accord d'Araki, le style graphique fut considérablement modifié à partir de l'épisode 19. Dezaki se souvient : « Je voulais rendre l’histoire plus dramatique. Elle se déroule pendant la Révolution française, donc si je ne dépeignais pas correctement la vie des personnages, cela n’aurait été qu’une formalité. Oscar et André meurent comme des guerriers anonymes pendant la révolution. C’était mon thème, et je voulais documenter leur vie. » "
La série TV Lady Oscar s'étale sur 40 épisodes ( excepté le résumé et l'épisode spécial qui court-circuite la fin ), et on peut les regrouper ainsi :
Episode 1 : réalisé par Shingo Araki, dessiné par Shingo Araki et Michi Himeno.
Episodes 2 à 18 : réalisés par Tadao Nagahama, et co-dessinés par Shingo Araki et Michi Himeno.
Episodes 19 à 40 : réalisés par Osamu Dezaki et toujours co-dessinéspar Shingo Araki et Michi Himeno.
Je laisse de côté l'épisode 1, car nous tomberions dans le HS étant donné qu'il faudrait au moins un article entier pour rendre hommage au travail d'Araki et Himeno.
Passons également sur les circonstances anecdotiques qui ont amené Dezaki sur la série (en gros, Tadao Nagahama et la doubleuse japonaise d'Oscar ne pouvaient plus se supporter).
Pour tout ce qui tient à la biographie de Dezaki et Sugino, je vous renvoie à l'excellent site http://www.cobraworld.net qui répondra à votre curiosité.
Et maintenant, on peut y aller pour analyser l'influence de ce duoo sur l'animation Japonaise et sur "Très Cher Frère"
Graphisme
En deux mots, on peut caractériser le trait de Sugino par un réalisme maximal lié à une grande fermeté, voire de la rugosité, mais avec une bonne dose de perfection dans la courbe. Un dessin d'anthologie, quoi !
Pour moi, les personnages de Sugino ont la force et la beauté d'une plante qui aurait poussé dans les meilleures conditions. En effet, chaque personnage de Sugino semble parfaitement adapté à son milieu, et y évolue sans aucune contrainte.
Même s'il doit dessiner un personnage condamné par la maladie ( Oscar dans Lady Oscar, Joe dans , Kaoru dans Très cher frère), celui-ci garde toujours une grande noblesse et il émane de lui autant de puissance que sans la maladie.
C'est vrai aussi que ses personnages sont en général gâtés par la nature, et donc très athlétiques et résistants. Ah, non, pardon, il y a Trelawney !

Contrairement à ce qui a pû être dit ailleurs, je ne trouve pas que Sugino s'attache à respecter les traits des manga qu'il adapte, et dans un sens, tant mieux, car Ace wo nerae par exemple est loin de la perfection. Je ne me permettrai pas de critiquer ici le graphisme d'Ikeda, mais si c'est elle-même qui a insisté pour que Sugino dessine l'anime de Très cher frère, c'est bien qu'il y a une raison ! Non, Sugino détourne à son avantage (et au nôtre) le graphisme des manga, en lui insufflant toute la force de ses dessins ce qui entraîne une cohérence admirable dans ses oeuvres. On retrouve les mêmes expressions chez Oscar que chez Joe ou chez Hiromi.
26 ans séparent ces deux dessins (Hiromi dans le film Ace wo Nerae, 1979) et Gerda (Yuki no Joô, 2005) et pourtant, l'expression des deux personnages est rigoureusement la même, ce qui montre une grande rigueur dans les choix artistiques.
Gerda, "La Reine des neiges" Hiromi, "Ace wo Nerae"
On retrouve la même expression d'étonnement chez Oscar

Graphisme
La réalisation de Dezaki est en tout point adaptée au format de la série TV au budget souvent limité par rapport à un film cinéma ou une série d'OAV. En effet, si les contraintes techniques et financières brident beaucoup de réalisateurs, on peut dire que Dezaki les maîtrise et en joue à la perfection. Comment cela ? Tout d'abord par une excellente gestion du story board (quand c'est lui qui s'en occupe), avec des poses-clés très expressives.
Là où une scène animée est indispensable à d'autres, Dezaki arrive à retranscrire la même chose avec un plan fixe judicieusement choisi.
Voici l'exemple de la pose du personnage répliquant (c'est pas son vrai nom, hein !) que l'on retrouve dans tous ses anime. Les yeux fermés, en semi-réflexion, le personnage envoie une réplique à son interlocuteur. Au delà de la simple réponse, cette pose montre une énorme assurance, et la quasi certitude d'être dans le vrai.
Joe Black Jack
Ensuite, il faut remarquer l'extraordinaire gestion du temps dans les anime de Dezaki. C'est en grande partie ce qui fait que tous ses animes ont quelque chose en commun, et qu'on se sent chez nous, de "Lady Oscar" à "La reine des neiges" en passant par "Ashita no Joe 2" et "Ace wo nerae".
Dezaki est un maître des changements de rythme dans la narration, et alterne des moments contemplatifs avec des phases d'action, de la meilleure manière qui soit. Il arrive à nous captiver pour plusieurs histoires parallèles, sans jamais que l'une d'elles vienne parasiter l'autre.
Comment ne pas mentionner les superbes plans fixes, dessinés par Sugino, ou Shingo Araki pour "Lady Oscar", pour marquer les moments forts de l'épisode ? C'est d'ailleurs le dernier plan de la majorité des épisodes de Dezaki, toutes séries confondues. Ces crayonnés ponctuent une scène de façon magistrale, soit en plein milieu d'une scène d'action, soit pour accentuer l'expression d'un visage :
Lady Oscar


Très cher Frère

COBRA

Ashita no Joe 2

Black Jack


Ils sont devenus au cours des années la marque de fabrique du duo Dezaki/Sugino, et ont été mille fois imités sans jamais être égalés, dans Olive et Tom par exemple.
Parmi les "Dezakeries", citons aussi :
-l'image partagée verticalement en 2 pendant un dialogue :
Reika & Ranko Oscar & André
Ou dans des scènes clefs :

-la répétiton d'une même scène importante (en général 3 fois), telle la scène de la gifle d'Oscar à André EP. 28.
-la digitalisation (effet écran TV analogique avec peu de définition) :

-l'éclairage par rayons lumineux obliques :

-Les couchers de soleil surdimensionnés :

Joe Lady Oscar Très Cher Frère
-Le vol de colombes (généralement ponctué d'un crayonné)-

-Les vitraux, pour donner un côté solennel-

La Reine des neiges Rémy sans famille Lady Oscar

-La neige, la pluie et les pétales de fleurs qui tombent du ciel sont aussi des marqueurs visuels importants-

Ils soulignent un moment émotionnel particulier, la neige apportant un silence de receuillement, la pluie accentuant le côté dramatique. Pour les pétales de fleurs c'est souvent dans des moments romantiques ou mélancoliques maius dans "Très Cher Frère" ça ponctue aussi une scène très dramatique et violente.

Il y a aussi l'usage des étoiles, lucioles et scintillement pour des moments plus heureux ou nostalgiques

