La bibliographie d'Ikeda est très fournie. On peut noter plusieurs périodes avec des œuvres clefs. La première période se situe avant "Versailles no Bara" et se remarque par une grande influence de Tezuka. Au début de sa carrière, elle dessine beaucoup de petites histoires et le style reste très classique, des cases avec des dessins bien rangés dedans. Ce sont des bluettes sans grand intérêt, des histoires d'amour fleur bleue avec le "prince charmant" (dont le physique très influencé par Tezuka) et des amours plus ou moins contrariés. Les personnages se ressemblent tous beaucoup, semblent presque interchangeables d'une histoire à l'autre. On y voit l'ébauche d'une Jeanne de la Motte au détour d'une histoire dans une brune riche et qui semble hautaine et caractérielle. Les blondes aux boucles ondulantes sont des futures Marie-Antoinette et les garçonnes brunes à cheveux courts sont les cousines de la Princesse Saphir de Tezuka...
Au fil de ces histoires, elle évolue et peu à peu et sa mise en page se déstructure, les dessins sortent des cases, les textes aussi font partie du dessin. le style se dynamise et devient plus vivant. Les personnages semblent aussi prendre un peu d'épaisseur, de relief...
"Versailles no Bara" marque un premier tournant dans le style du dessin d'Ikeda, il s'affine et tout au long du manga les traits prennent de la maturité et se détachent totalement des premières œuvres. Les dessins sont assez naïfs au début et elle prend de plus en plus d'assurance et les personnages sont de mieux en mieux dessinés et de plus en plus beaux. Ca colle aussi à leur vieillissement ce qui rend les choses d'autant plus cohérentes en fin de compte ! Les pages deviennent aussi plus lyriques, parfois sans aucune case, ce qui renforce le récit et sa dramaturgie.
Sur ces illustrations couleurs Oscar au début du manga et à la fin pour bien voir l'amélioration du trait et des mises en couleurs :
Le visage très rond et poupin des débuts fait place à une physionomie plus maîtrisée, expressive et mature. On voit bien la naïveté du style presque enfantin.
Illustrations du Gaïden plus tardives (1985) pour voir l'évolution finale du style :
Oniisama E est dans cette continuité graphique, il est très homogène car l'histoire est plus courte.
Le second tournant est "Orpheus no Mado". Ce manga fleuve voit encore évoluer le style de la mangaka jusqu'à sont style définitif au niveau du design des personnages sur la fin du manga. Le trait est plus sec, plus dur, plus mature et personnel que jamais aussi. Certains regrettent ce tournant mais on peut dire que c'est là que son style définitif est arrivé et il est très reconnaissable.
Les planches sont lyriques, pleines de mouvement et de dynamisme qui rendent la narration plus dramatique encore. L'histoire est riche en rebondissements et tragédies et le graphisme suit. Ce sont sans doute les plus belles pages de l'œuvre d'Ikeda. Les décors y sont plus fouillés, détaillés à l'extrême parfois, alors que dans Versailles no Bara ils étaient presque inexistants au début du manga.
Versailles no Bara est important à plusieurs titres, il voit le style évoluer, progresser dans le dessin, c'est le début des manga avec une trame historique qui sera cher à Ikeda, car elle a fait plusieurs manga de type historiques par la suite, plus ou moins romancés comme Orpheus no Mado, Joteï Ekaterina, Eroïca, Ten no Hado Mate...
Versailles no Bara marque aussi l'avènement de la blonde travestie. Avant Oscar, les jeunes garçonnes étaient des brunes à cheveux courts, encore influencées par "Princesse Saphir", les jeunes filles blondes étant toujours très féminines et fragiles. Oscar est la première d'une belle lignée : Rei, Julius et Claudine... Kaoru Orihara reste toutefois dans cette tradition influencée par Saphir...
Il est à noter que la personnalité d'Oscar, bien que plus complexe et tourmentée que peu l'être un dérivé de Princesse Saphir, reste une personne droite et équilibrée. Rei qui la succède inaugure la version tragique qui flirte avec la folie et la mort. C'est Julius qui sera l'apothéose du genre avec une personnalité très perturbée, et une existence qui ne l'est pas moins. Claudine est déjà plus à part, car même si son destin est tragique, elle aborde un sujet différent et sa fin semble plutôt due au fait qu'elle ne soit pas née à notre époque ou la médecine aurait pu faire d'elle ce qu'elle était au fond de son être.
La notion de genre et de travestissement évolue aussi au fil des histoires. Oscar est un homme de par la volonté de son père. Ce n'est pas son choix mais elle l'assume plutôt bien et s'approprie cette vie là d'elle même, consciente qu'un statut de femme en ces temps là l'aurait privée de certaines libertés.
Rei elle est ambigüe par choix, elle est androgyne et cultive ce style. Elle est une femme et ne cherche pas à se conduire en homme mais aime avoir un look masculin/féminin. L'époque aussi est différente, les années 70 où se déroulent l'intrigue sont des années de liberté et de révolution sexuelle.
Julius est un homme aussi par choix familial, c'est sa mère qui cache son statut de femme pour une question d'héritage. Julius elle subit son androgynie et veut assumer sa féminité, elle vivra d'ailleurs une période où elle sera femme au grand jour.
Claudine est la dernière des "quatres sœurs blondes", elle, par contre, est née femme, avait toute la liberté de vivre en tant que femme mais vivait en homme non par choix personnel mais parce qu'elle se sentait homme au fond d'elle. Elle est la dernière et l'inverse des autres. Elle subit sa féminité et voudrait être un homme alors que les autres assument toutes à un moment de leur vie le fait d'être des femmes.
Les mangas plus tardifs je les connaît peu, je découvre... Ayako parue en 1987, comme le Gaïden de Versailles no Bara paru en 1985, montre un attrait pour un univers plus gothique qui flirte avec le fantastique, le surnaturel. Le graphisme est toujours élégant, fouillé dans le détail des vêtements, des décors. Les planches reviennent cependant à un certain académisme, il n'y a plus la liberté et le lyrisme échevelé des planches d'Orpheus. Le Gaïden permet aussi de voir la métamorphose du style dans le design des personnages que l'on connaissait si bien.
Ayako :
Le Gaïden :
Le site d'Hillary propose des résumé de nombre de ces histoires. Je vais mettre des liens vers ses résumés (en italiens) histoire de faire aussi un lien vers son site :)
Les liens vers ses pages sont en bleu et ceux qui ont une étoile * sont en construction.
Les images viennent aussi pour la plupart du site d'Hillary. Elles sont surtout là pour aider à identifier les histoires via un visuel. Les histoires que je possède sont présentées via des scans : un de l'image d'ouverture et 3/4 doubles pages pour voir le syle et se faire une idée.