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La rose de Versailles par NETFLIX

La Rose de Versailles

Le film Netflix

 

 

Très attendu depuis le projet avorté de la TOEI en 2006, ce film « La Rose de Versailles » est le premier long métrage en animation adapté du Manga de Riyoko Ikeda.

Le manga date de 1973, la série animée de1979. Un long métrage live, « Lady Oscar » par Jacques Demy est sorti en 1979 comme la série. Adapté de nombreuses fois sur la scène du théâtre de Takarazuka, le Manga fleuve de Riyoko Ikeda ne comptait toujours pas d’adaptation animée à son actif. Une bande annonce avait fuité en 2006, un projet de la TOEI sur une chanson du projet « Violet UK » de Yoshiki, puis rien…
Jusqu’en cette année 2025

J’ai visionné le film, puis revisionné en prenant des notes comme je l’avais fait pour écrire mon article sur le film de Demy. Première chose : les créateurs du film ont lu le manga et le connaissent bien contrairement au scénariste du film de Demy tant l’histoire n’y avait ni queue ni tête. Par contre c’est fait pour les fans déjà familiers de l’univers. Si vous n’y connaissez rien ça sera confus.
 

Commençons par les points positifs, ce film est beau. L’animation est fluide, les couleurs lumineuses, la lumière est belle, les décors variés et jolis. Le rendu visuel est très qualitatif.
Le design est frais, actuel sans être décalé avec l’œuvre d’Ikeda.

De nombreuses illustration d’Ikeda sont reprises et prennent vie, souvent dans les séquences musicales chantées.
Graphiquement on peut apercevoir des aussi des clins d’œils au manga, c’est vraiment bien intégré et joliment fait. Les séquences chantées sont visuellement très belles, inventives et l’esthétique est vraiment réussie.

 

 

L’histoire colle d’avantage au Manga sur certains points, comme le fait qu’on sache tout le temps qu’Oscar est une femme et que ça n’est pas dissimulé à la Dauphine comme c’était le cas dans la VF de la série de 1979. Les soldat des Gardes Française sont aussi dessiné comme ceux du manga, ça fait plaisir ce petit clin d’œil. Les costumes sont aussi beaucoup plus travaillés et historiques que dans la série. On peut voir des chapeaux, des robes à la Française, et la Reine en « Chemise à la Reine » lorsqu’elle est au petit Trianon, on aperçoit aussi le Hameau. Les décors de Versailles, Paris et autres sont tous beaucoup plus travaillés et variés. Certaines scènes montrent le Hameau de la Reine et ses enfants et sont vraiment jolies.

  

 

Passons aux choses qui fâchent… En premier lieu, le plus gros point noir : la musique. Elle est tout bonnement insupportable. C’est de la J-pop basique et insipide. J’ai visionné la VF et les chansons sont traduites. Les chansons, c’est le pire, au début ça chante beaucoup, 5mn, première chanson, rebelote à 9mn, à 13mn et à 25mn du film. C’est lourd. Niveau « Reine des Neiges » et c’est très lourd.
Alors oui ces séquences sont visuellement belles, j’ai pu les apprécier à mon troisième visionnage en mode silence et sous titré, ce qui rend le film beaucoup plus digeste. Sans la musique ça passe tellement mieux ! C’est terrible à dire quand on sait que la musique était un vrai point fort de la série animée de 1979. Elle était émotionnelle, sans chansons à la Disney, moderne tout en gardant le clavecin symbole du XVIIIème siècle, utilisant même des morceaux de Bach au piano et des morceaux de Boccerini. Cette bande originale est restée dans nombre de mémoires.

Les séquences chantées ont aussi une utilité, celle de raconter des tas de choses très vite et clairement, sans alourdir la narration de plein de détails. Mais bon Fersen apparaît dès la première chanson c’est trop tôt. Un spectateur néophyte ne comprendra pas. La narratrice apporte aussi beaucoup de détails dans son récit. 

Parlons de Fersen justement, ce personnage est le grand perdant de ce film. Personnage très important de l’intrigue, il a été beaucoup moins travaillé que dans l’anime et disparaît assez tôt. Il ne va même jamais aux Amériques… et les sentiments d’Oscar à son égard sont bien moins forts et moins approfondis.

Alors oui résumer 40 épisodes de 20 minutes en 1h53 nécessite des coupes, des raccourcis et des aménagements scénaristiques mais là… certains évènement capitaux ont été purement et simplement supprimés, comme certains personnages.
D’autres sont juste montrés dans une scène ou une séquence chantée sans être nommés. Ces apparitions concernent : Rosalie, la Polignac et la du Barry.
 


Attention SPOILER : l’affaire du collier et donc Jeanne de la Motte n’existent pas. Ce qui est problématique au vu des conséquences sur la monarchie. Le Cardinal de Rohan a été évincé, Marie-Antoinette doit être ravie.
Tout comme Robespierre, il n’apparaît même pas et n’est pas cité. Les états généraux ? Résumés dans une chanson, et Robespierre n’est même pas mentionné/dessiné.
Le Dauphin Louis Joseph ne meurt pas.

La fuite à Varennes n’existe pas et les intrigues de cours comme Charlotte de Polignac et Diane non plus. Le Masque Noir aussi est supprimé.
André perd la vue dans une rixe qui suit l’affaire avec le petit Pierre et le Duc qui lui tire dessus.
Cette séquence assez secondaire dans la série devient ici le centre de beaucoup d’informations : la colère du peuple et sa défiance envers les nobles, une apparition de Rosalie, André prend un mauvais coup et perd la vue et l’apparition de Bernard Châtelet. C’est intéressant mais un peu frustrant et manque de nuances.

Par rapport à la série les personnages sont aussi traités différemment. Sans doute plus proches du manga mais la série avait l’avantage d’avoir apporté beaucoup de profondeur à leur caractère. Ils étaient plus nuancés, plus profonds et troublés. On les voyait vieillir ici, même si c’était surtout dû à un changement de Character Designer au milieu de la série, le timing était parfait : plus il vieillissaient plus ils étaient beaux.

Le général est assez lisse, pas de colères et des rapports assez calmes avec sa fille et Oscar n’est pas en conflit avec son père, beaucoup moins rebelle elle reste obéissante et elle pleure plus.
André est plus fade, lui qui était le personnage, avec Rosalie, qui ouvrait les yeux à Oscar sur la condition du peuple, ici il n’a pas du tout de dimension politique. Il est aussi parfois un peu exagéré et hystérique dans ses réactions.
Les rapports conflictuels entre Oscar et les Gardes Françaises sont assez bien rendus par contre.

Le grand gagnant de ce film c’est Girodelle, le personnage est beau, bien écrit et à une belle importance, il est limite plus important dans la vie d’Oscar que Fersen.
Louis XVI a lui aussi une jolie scène. Bien que moins présent que dans l’anime une scène poignante au belvédère de Trianon lui donne une dimension profonde avec beaucoup de sensibilité.

Si certaines scènes ont assez similaires à la série, comme la chute de cheval de la Dauphine et Oscar qui sauve André, d’autres sont vraiment moins émouvantes et perdent beaucoup, de plus cet évènement est amené sans contexte et sonne de façon un peu étrange.
Les adieux entre Oscar et la Reine n’ont aucune émotion, la Reine est méprisante et hautaine, et sans la merveilleuse musique qui faisait de ce moment un instant clef de la série. On ne sent pas la proximité émotionnelle entre les deux femmes.

L’union d’Oscar et André est par contre très fidèle au manga, même visuellement, c’est très beau, une vraie réussite. Le rendu est onirique. 

  

 

Le duel d’Alain et Oscar est là mais encore une fois avec une chanson, comme la scène du bal qui est là oui mais expédiée sans trop de contexte et de conséquences. La déclaration de Fersen et de la Reine est très jolie aussi, c’est émouvant.

Pour la fin les morts d’Oscar et André c’est décevant, dans le manga c’était déjà le cas et le film est fidèle à ça. La version de la série reste la plus forte et émouvante. La mort d’André est sans doute le passage le plus triste des 40 épisodes. Parfois il faut savoir être infidèle au matériel d’origine pour le sublime…

Pour résumer, ce film n’est pas un ratage complet, il existe et a tout de même de nombreux points positifs.
Je conclurai par un constat : sans la musique ça serait déjà plus digeste… la bande originale est vraiment le gros point noir. Une musique plus dans l’esprit de la série aurait été vraiment un plus, ne serais ce que la reprise du thème de Barawa. Ça aurait adouci les choix scénaristiques et les coupes plus ou moins bien vues dans l’histoire. Surtout pour un film qui s’adresse à des fans et donc qui ont un affect avec ces mélodies.
Ces modifications sont nécessaires mais les choix n’ont peut être pas tous été les bons. Reste que c’est toujours plus respectueux de l’oeuvre que le film de Demy qui est complètement incohérent voire comique à l’insu de son plein gré. Un vrai nanard, ce que ce film de 2025 n’est pas.

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